Compte-rendu médical de l’exercice du Gampaloup

par France Rocourt et Thierry Delecour.
merci à François Albasini pour les documentations.Introduction :

Lors d’accidents en spéléologie, nous n’avons pas eu à prendre en charge de polytraumatisé, toujours décédés à l’arrivée des équipes de secours, ni de traumatisme crânien isolé dans le coma. L’aggravation de l’état clinique des blessés dans ce milieu hostile ne fait aucun doute, et pour les traumatismes crâniens, les A.C.S.O.S. (aggravation cérébrale secondaire d’origine systémique) s’ajoutent à l’hostilité du milieu. Le but de cet exercice consiste à tester, grandeur nature, (avec le matériel médical du SAMU 38), la prise en charge et l’évacuation d’un blessé, traumatisé crânien isolé, dans le coma.
La médicalisation implique d’évacuer une victime, intubée, ventilée, sédatée, réchauffée. Le choix des conseillers techniques s’est posé vers le Gampaloup (Vercors, commune de Méaudre) : le « blessé» se trouve à la salle des nanas. L’évacuation sera variée : progression horizontale, puits, tyroliennes.

L’équipe médicale :

Nombreuse, l’idée étant qu’au plus il y a de participants, au plus, il y aura d’idées.
La victime : Charrière Amanda

Les infirmiers :
Arvieux Lionel IADE CHU
Pascault Régis IADE CHU
Maréchal Pierre IDE SDIS 38
Monod Juhel Marlène SAMU 38
Naveau Claire IDE Gendarmerie
Toms Allisson SAMU 38

Les médecins :
Delecour Thierry MAR CHU
Favier Isabelle SAMU 38
Geoffray Bruno MAR Cl. Belledonne
Godart Jean SAMU 38
Koch François Xavier SAMU 38
Lanièce Christophe urgentiste
Muller Sophie SAMU 73
Rocourt France MAR CHU

Les secouristes :
Durand Pierre PGHM
Chatain Lionel CRS
Robert Jérôme SDIS

Certains des membres de cette équipe sont de parfaits néophytes en spéléologie et découvrent le milieu à cette occasion.

(IADE = infirmier anesthésiste ; MAR = médecin anesthésiste-réanimateur)

Déroulement global :

Une première réunion au SAMU avec les différents responsables dont Marie-Hélène Schmidt (Medecin, SAMU), Laurent Saucy (cadre infirmier, SAMU) a permis de mettre au point la stratégie au niveau du matériel disponible
Ensuite, le 12 mai, nous avons effectué la simulation.
Une réunion de débriefing a eu lieu afin d’établir une guide-line au cas où ..

Le déroulement de l’exercice :

Horaires :
10H30 : Entrée dans la cavité de cette nombreuse équipe
12H30 : Prise en charge médicale après avoir installé un point chaud
13H30 : Le système Nicola est opérationnel, les transmissions avec la surface se font sans problème
14H : Transmission depuis le fond d’un bilan précis concernant la victime
15H30 : La civère commence sa remontée
19H20 : La civière sort du Gampaloup

Le conditionnement de la victime au point chaud :
Le blessé est installé sur le brancard, dans le duvet pour blessé, avant d’entreprendre la médicalisation.
L’installation demande d’avoir un vaste plan de travail propre réalisé à l’aide de plusieurs couvertures de survie, d’eau, de lingettes, de gants de protection, gel hydro alcoolique pour les mains.
La sonde d’intubation est fixée à l’aide d’élastoplast.
Pour l’aspiration, nous disposons d’un mini-aspirateur manuel qui semble efficace, et évite de gaspiller de l’oxygène.
Le respirateur : portable de type Weinman utilisé pour le secours en montagne au SAMU 38. Celui-ci est conditionné dans une boîte plastique perforée (prise d’air) et fixé sur le brancard à l’aide de sandow sur les poignées de portage.

Les obus d’oxygène, indispensables au fonctionnement du respirateur sont préparés comme suit :
L’obus de 1m3 est emballé dans une mousse à cellule fermée, solidarisé à l’aide d’un lien avec son sac de transport dans lequel il rentre tout juste (Kit bag : aventure verticale hauteur 72 cm). Il est mis sous la bâche du brancard,( toujours solidaire de son sac de transport), entre les jambes de la victime.
Le capno-saturomètre de type Nellcor (en effet seuls la capnie et la saturation en oxygène du sang sont indispensables, impasse a été faite sur le cardio scope) est lui aussi dans une boîte plastique et fixé de la même façon sur le brancard.
Le mini pousse-seringue Graseby est mis sous la bâche du brancard, de même qu’un ambu en cas de panne du respirateur.
Un tensiomètre se trouve sur le poignet du blessé donc sans accès pendant les manipulations du brancard.

Les manoeuvres d’évacuation du brancard :

Elles se révèlent longues en raison de multiples précautions et vérifications nécessaires.
Le maintien horizontal d’un tel blessé complique les manipulations et se révèle souvent impossible à conserver : la verticalisation est souvent imposée par l’environnement.
Le relais de bouteille demande une grande continuité et des contacts fréquents avec la surface, une anticipation des obstacles par l’équipe médicale d’accompagnement.
Lors de l’évacuation, le tuyau/blessé du respirateur a été cisaillé par le bord de la boîte plastique. Un débranchement entre sonde d’intubation et tuyau du respirateur a été observé.
Sortie du brancard de la grotte à 19H20.

Synthèse :

L’évacuation d’un blessé réel aurait demandé au mois deux fois plus de temps.
L’utilisation des poignées de portage du brancard gêne le brancardage. Les sandows s’abîment rapidement.
Le conditionnement des bouteilles donne satisfaction et permet en surface de remplacer rapidement la bouteille.
Le respirateur fonctionne à merveille, le conditionnement de celui-ci se révèle trop rustique ce qui occasionne la coupure du tuyau.
Le monitorage par le capno-saturomètre est inefficace : écran pas assez lumineux et donc invisible sous la protection.
Le tensiomètre ne peut être utilisé qu’ à l’arrêt.
Le mini-pousse seringue n’a pas été surveillé, il n’avait pas le tournevis de réglage.
Nous n’avons pas mis en route le Heatpack ni effectué de monitoring de la température, de même nous n’avons pas abordé des problèmes comme la mise en place d’une sonde urinaire et la surveillance de la diurèse.

Perspectives :

Lors de la réunion de débriefing, il apparaît que :
Le respirateur est adapté, (il faudrait l’adjonction d’un mini capno Weinmann)
D’autres respirateurs pourraient faire se révéler efficaces comme l’OXYLOG 1000 de Draëger, ou le Microvent.
Le monitorage est impérativement à changer ; il existe sur le marché un monitorage multi paramètre : Propq LT de Welch Allyn (poids<1kg). Celui-ci prend en charge, fréquence respiratoire mais pas la capnie. Ce monitorage a été utilisé avec succès lors d'un exercice analogue par les toulousains Le spéléo secours espagnol a effectué un exercice similaire à l'aide d'un monitorage multi fonctions Schiller ARGUS PRO LifeCare qui prend en charge ECG, PNI, SPO2, Et CO2 et même DSA !(Poids = 2,1kg).
Il pourrait paraître envisageable, à terme, de posséder un monitorage avec lecture des différents paramètres à distance du blessé, la transmission sans fil étant au goût du jour.
La seringue électrique semble indispensable, les médicaments utiles pour la sédation se doivent d’être discutés et de toute façon, ce seront les habitudes professionnelles qui guideront les utilisateurs.

Conclusion :

A l’issue de cet exercice, les plus optimistes estiment avoir menés à bien cette opération en sachant qu’une vrai victime demanderait beaucoup plus de temps; les pessimistes sont persuadés que dans ce contexte, nous aurions « achevé» le blessé. De toute façon, une telle opération en réel mobiliserait beaucoup de personnel médical et à minima, il faut une compétence médicale avant et après chaque obstacle.
Le brancard spéléo va subir une petite modification permettant de rendre indépendant l’accrochage du matériel médical et le portage
Il a été décidé l’achat de kits de bouteilles complémentaires de façon à pouvoir travailler avec10 obus d’oxygène.
Pour le conditionnement des appareils de monitoring, Pierre Maréchal du SDIS propose la réalisation d’une petite caisse en aluminium afin de protéger ce matériel fragile, caisse que nous pourrions fixer sur le brancard… A réaliser, une fois que l’on saura ce que nous mettrons dedans !
La constitution de fiches de matériel réflexes devrait permettre à l’équipe médicale de s’adapter en respectant des délais raisonnables : Thierry Delecour propose de se mettre à la tâche.

Annexes : afin de continuer le travail et être prêts au cas où ..

Fiche 1 – organisation è Scénario :
Fiche 2 : conditionnement du blessé :
Fiche 3 : équipement médical du blessé :
Fiche 4 : monitorage, respirateur, seringue électrique :
Fiche 5 : gestion des batteries :
Fiche 6 : obus d’oxygène :

Bilan du Rassemblement 2007 dans le Devoluy

Comme tous les ans le Spéléo Secours Isère a organisé un rassemblement spéléologique automnal. Cette fois ci l’évènement se déroulait dans un massif limitrophe à notre département : le Dévoluy. En parallèle à ce stage se tenait une formation d’équipier secours et de chef d’équipe secours.Du 15 au 19 octobre derniers, le Massif du Dévoluy a donc accueilli notre rassemblement annuel, outre quelques spéléos de notre département sont venus : des infirmiers et médecins du CHU de Grenoble, des sauveteurs du PGHM, de la CRS Alpes, du SDIS 38, soit en tout une quarantaine de personnes par jour.
On a visité les classiques de la région : Les Bans que l’on pourrait rebaptiser « les bains », les chorums (gouffre) Clot et Daniel et l’incontournable Trou Duc.
Nous avons eu la chance de pouvoir effectuer quelques traversées : Dupont-Martin, Ramat-Aiguilles, Chaudron-Chaupin.
Le paysages souterrains sont variés galeries, puits, méandres, grandes salles tout est là.
Le jeudi, la journée a été consacrée à un exercice de sauvetage au Chorum du Chaudron organisé par le deuxième stage « équipier/chef d’équipe ». L’effectif complet des 2 stages a participé, soit 50 personnes en tout. La civière est remontée à la surface en 5 heures. Grand merci à Benjamin qui a accepté de jouer la victime.

La formation « equipier secours et chef d’équipe secours » a rassemblé une dizaine de stagiaires, d’abord 3 jours dans le Vercors puis à compter du mardi 16, dans le Dévoluy. L’effectif était mixte à 2 titres (professionnels du secours et spéléos bénévoles – garçons et fille). Formation exigeante car la journée on travaille la technique et on apprend beaucoup et le soir on fait le bilan et on prépare la journée du lendemain.
A l’issue du stage, 5 personnes ont été validées comme chef d’équipe.

A l’automne prochain, sous d’autres cieux.

[Vous trouverez ici->http://tlzkmpp.cluster028.hosting.ovh.net/spip.php?article51] des photos de ce rassemblement.

Dent de Crolles – 5 septembre 2007

Deux spéléologues britanniques ont été secourus le 5 septembre dernier.Lors de leur séjours en Chartreuse, 2 spéléologues britanniques, croisent 2 hollandais à la grotte de la Cambise le 3 septembre. Ils parlent de leur projet de traversée de la Dent. Les sachant seuls, les 2 hollandais leur demandent de leur laisser des SMS quand ils entrent et sortent du réseau. Le premier message arrive le 04 septembre à 7h00, le deuxième ne parvient pas. Les hollandais s’inquiètent et donnent l’alerte le lendemain. Les moyens sont engagés rapidement par le gouffre P40, la grotte du Guiers Mort et le Trou du Glaz. Les victimes sont retrouvées au bas du 3ème puits de la lanterne (13m) à quelques centaines de mètres de l’entrée du Glaz, vers 18h00.
1 des 2 britanniques a fait une chute après avoir mis son descendeur sur le mauvais brin du rappel. Ils ont attendu là plus de 24h00 que les équipes de secours arrivent. Cette opération a nécessité l’engagement sous terre d’une trentaine de sauveteurs issus des corps professionnels du département (CRS, pompiers, PGHM, SAMU) et des bénévoles du Spéléo Secours Isère.
Le blessé a été opéré le lendemain, il va bien.

formation technique secours 2007

formation technique sur 7 jours du 13 octobre au 19 octobre 2007Tous les 2 ans nous organisons un stage plus technique (équipiers, chef d’équipes) d’une durée de 7 jours. Ce stage est basé sur le référenciel du SSF National .
Ce Stage equipier/chef d’équipe départemental est organisé par Lionel Revil (3 jours sur le Vercors et 4 jour dans le Dévoluy)

Pour vous inscrire sur le net yoyospeleo@laposte.net
Pour plus de renseignement contacter lionel Revil au 04 76 86 00 13

Gampaloup – 12 mai 2007

Lionel REVIL, Conseiller Technique adjoint (stagiaire)
François LANDRY, Conseiller Technique adjoint (stagiaire)
Le choix de la cavité et du type d’exercice

Le Gouffre du GAMPALOUP découvert en 2000 a déjà fait l’objet d’un exercice secours en 2002. La cavité n’étant pas équipée pour l’évacuation d’une civière de è 70 m (salle des éclopés) au point zéro, elle présente une zone intéressante techniquement. De nombreuses traversées nécessitant des équipements du type tyrolienne, et deux puits permettant une reprise de balancier pour l’évacuation de la civière sont des ateliers variés pour la formation de nos nouveaux équipiers et chefs d’équipe. Pour l’équipe médicale les nombreuses manoeuvres sur cordes présentent beaucoup d’intérêt dans le cas d’une évacuation d’un blessé fortement médicalisé premier objectif de cet exercice (voir compte rendu médical de France ROCOURT).
Cet exercice est aussi l’occasion pour Lionel REVIL et François LANDRY de valider leur stage de conseiller technique spéléo auprès du Préfet de l’Isère.

Scénario Continuer la lecture de Gampaloup – 12 mai 2007

Granier – Cuvée des ours – 8 mai 2007

Alain MAURICE, Conseiller Technique départemental
Thierry LARRIBE, conseiller technique adjoint

DEROULEMENT DE L’OPERATION compte rendu succinct

Le mardi 8 mai à 3h, l’alerte pour le retard d’une personne partie seule dans une grotte du massif du Granier est transmise au conseiller technique départemental par le PGHM Isère.
Nous connaissons le point de départ (cabane forestière sous le col du Granier) mais pas la destination de la personne ni son niveau technique. Sa femme (qui a donné l’alerte) est déjà allé à l’entrée de la grotte et saurait nous y conduire. La personne recherchée connaît quand même le réseau, elle y va souvent, pour faire une traversée.
Décision de reporter le déclenchement au lever du jour pour plus d’efficacité, et de se renseigner entre temps sur les possibilités dans ce secteur que nous connaissons mal. Continuer la lecture de Granier – Cuvée des ours – 8 mai 2007

Immobilisation d’un membre fracturé en milieu souterrain

par le docteur France ROCOURT
compte rendu de la réunion « médicalisation en spéléologie » au CHU de Grenoble du 15 juin 2006.

La confection d’un plâtre est une technique classique d’immobilisation, mais, sous terre, dans les manipulations et l’humidité ambiante, il ne résiste pas.

Ce qu’il faut faire : un plâtre initialement classique et donc FENDU+++. Continuer la lecture de Immobilisation d’un membre fracturé en milieu souterrain

Traitement d’une fracture ouverte en milieu souterrain

par le docteur France ROCOURT compte rendu de la réunion « médicalisation en spéléologie » au CHU de Grenoble du 15 juin 2006.

Ce qu’il faut faire :
Lavage très abondant, éventuellement à l’eau « propre » au début, puis plus ou moins à l’eau stérile +/- bétadinée à la fin. NE PAS FERMER LA PLAIE.
Pansement sec, emballage (type pansement américain) et ne pas le défaire.
Antibiothérapie (Augmentin ivl ou po + Gentalline ivl) Continuer la lecture de Traitement d’une fracture ouverte en milieu souterrain

Spéléo Secours Français – Fédération Française de Spéléologie