Nicolas REVELLO, secouriste au sein de la CRS Alpes Grenoble, est décédé samedi en intervention dans le massif des Ecrins. Il avait 46 ans.
Nicolas participait régulièrement à nos stages depuis une vingtaine d’années. Il était souvent engagé en opération depuis 2002 comme sauveteur puis comme chef d’équipe. Il était d’ailleurs à la tête d’une équipe lors de la dernière opération au Gouffre Berger.
C’était un très bon technicien, un chef d’équipe de valeur et un excellent camarade.
Nous le regretterons…
Nous adressons un message de sympathie et nous apportons tout notre soutien à ses proches et à ses collègues.
Le mardi 23 juillet, à 8h00, un jeune spéléologue de 21 ans, prénommé Félix, n’est pas au rendez-vous convenu avec une équipe néerlandaise. Il rate donc le départ pour le gouffre Berger et se greffe au dernier moment, sans leur accord, sur 2 spéléologues qui ont prévu de s’arrêter à -600 m. Il a l’intention d’aller au fond s’il arrive à raccrocher un groupe sous terre.
A l’entrée de la cavité, il s’inscrit de manière indépendante sur le registre des visites. Il est un peu plus de 10h00 quand Félix entame sa descente en même temps que le binôme qu’il a suivi jusque là. Vers 13h30, il passe en compagnie des 2 autres à -500.
À 14h45, les 3 spéléologues arrivent à – 600 et se font doubler par 4 slovaques. Alors que l’un des membres lui déconseille vivement d’aller plus loin, Félix continue sa descente et tente de rattraper les slovaques qui l’aperçoivent pour la dernière fois à 16h00. Il n’arrive pas à avancer à leur rythme et se fait distancer. À partir de cet instant, Félix poursuit sa descente seul, en contradiction avec le règlement du rassemblement qu’il a signé. Il se rend compte rapidement qu’il n’y arrivera pas et décide de faire demi-tour.
Dans le secteur des Couffinades, il se trompe d’itinéraire, revient sur ses pas, emprunte une corde qui monte et s’engage dans une galerie hors du parcours classique. Il tourne en rond, se perd et finit par se blesser à la cheville en tombant dans une vasque dont il a du mal à s’extraire. Ces vêtements sont mouillés, il est perdu, ne peut plus bouger, il s’assoie et attend. Selon nos estimations, sa chute remonte au mardi en fin de journée. Selon lui, cela se serait plutôt produit le lendemain mais il ne peut l’affirmer car il ne dispose pas d’une montre. Les slovaques qui repassent par les Couffinades 3 heures plus tard et toutes les autres équipes descendantes ou montantes ne l’aperçoivent pas sur le parcours classique. Cela signifie certainement qu’il s’est déjà engagé dans le réseau de la cascade oubliée, galerie connexe connue que de quelques personnes.
Les organisateurs, interrogent les équipent qui remontent à la surface dès le soir même pour savoir si Félix a été aperçu. Ils continuent le lendemain jusqu’à ce que les slovaques et ceux qui les ont suivi sous terre sortent et indiquent ne pas l’avoir vu. Il est alors décidé de donner l’alerte en appelant un conseiller technique. Il est alors 23h06, le mercredi 24 juillet. Lionel REVIL qui reçoit l’appel demande que quelqu’un aille vérifier la présence du véhicule de l’intéressé au parking de la Molière. Puis, il questionne l’appelant pendant 25 minutes. Il informe immédiatement après Thierry LARRIBE qui transmet l’information sans délai au CTA-CODIS.
Dès l’alerte , il paraît évident qu’en période estivale, les effectifs isérois ne permettrons pas à eux seuls de mener à bien cette opération de recherche. Le CTDS demande la mise en alerte des membres du SSF 69 dès la conférence avec le CODIS. Le SSF du Rhône coopère étroitement avec la 3SI depuis quelques années et présente un avantage indéniable : ses effectifs ne peuvent qu’exceptionnellement être engagés sur leur territoire.
Par la suite, il a été demandé au CODIS de faire le nécessaire pour recenser les moyens disponibles dans les départements voisins dans une premier temps. Le CODIS 38 a fait le nécessaire auprès du COZ en charge de traiter les demandes de renforts extra-départementaux.
Le 25 juillet au matin, lors d’une réunion téléphonique à laquelle participait le COGIC, il est décidé d’acheminer les 47 spéléologues disponibles depuis l’Ardèche, la Drôme, le Rhône, la Savoie et la Haute Savoie. Il est aussi convenu que les sauveteurs SSF présent dans l’expédition en cours au gouffre Berger sont requis directement par le préfet de l’Isère. Pour assurer la relève du dispositif et pour faire face à un sur-accident, il est décidé de mettre en préalerte d’autres départements. Les CTN du SSF trouvent 32 sauveteurs disponibles dans la région PACA, dans le Gard et en Lozère. En parallèle, 31 personnes se déclarent disponibles en Isère et 15 en Rhône Alpes.
Comme pour l’exercice du 29 juin, les CT ont souhaité que le PC soit installé dans un bâtiment à Autrans et non au parking de la Molière. Les liaisons téléphoniques, radio et internet ont été ainsi opérantes tout le long de l’intervention. Un poste de commandement avancé a été armé à l’entrée de la cavité. Ne pouvant immédiatement être doté de la totalité de son effectif, il a été renforcé au fur et à mesure des arrivées de gestionnaires au PC.
Dès le début de l’opération, il a été envisagé de limiter la première phase de recherche de la surface à -860, seule zone où Félix était censé être allé. Deux équipes ont été formées. L’équipe engagée au PCA commence par s’assurer que le sac à dos contenant les affaires sèches de Félix se trouve bien à l’entrée du gouffre Berger. La découverte de ce sac a permis d’écarter tout égarement en surface. Sous terre la zone la plus profonde dans le secteur des Couffinades a été fouillée en premier. Des plongeurs sont même engagés pour examiner les profonds bassins de cette zone. Dans un deuxième temps, 3 équipes sont engagées pour effectuer des recherches dans la galerie de la Boue et la galerie Petzl à partir de -250 et pour inspecter la zone de -650 à -860.
Les sauveteurs ont prévu de signaler chaque entrée de galerie fouillée par une bande de rubalise marquée de la date, de l’heure et du nom du sauveteur ayant procédé à l’inspection. Dans un troisième temps, il était prévu d’envoyer une vingtaine de sauveteurs pour fouiller le fond. Cette équipe aurait intégré les 3 plongeurs déjà sous terre restés à disposition du dispositif de recherche en attendant l’élargissement de la zone de fouille.
Dans cette hypothèse, un camp de base aurait certainement été aménagé à –860 pour permettre à tous de se reposer avant la remontée. Les recherches engagées par ces premières équipes de donnent rien.
Dans la matinée du 25 juillet, un spéléologue se rend disponible au PC. Il connaît parfaitement les réseaux découverts ces dernières années au dessus de la galerie principale entre -650 et -900, il en a été un des principaux explorateurs. Il forme une équipe qui s’engage rapidement dans la cavité. Il s’attache en premier lieu à fouiller les réseaux partant de la zone des Couffinades. Il répartit ses équipiers sur différentes galeries. Une fois une zone fouillée, il interroge ceux qui ont mené les recherches. Lors du compte-rendu d’une de ces missions, il se rend compte que la fouille n’a pas été complète et renvoie des sauveteurs sur cette zone. Félix est alors découvert à 300 m du départ d’une grosse galerie défendue par une étroiture, est 16 heures. Ils se trouve dans le réseau de la cascade oubliée connu que de quelques personnes. De la galerie principale du gouffre Berger, personne ne pouvait l’apercevoir ou l’entendre. 39 personnes réparties en 5 équipes ont participé à cette phase de recherche.
Le médecin et l’infirmier ont été positionnés au PC bien avant la découverte de Félix. Dès lors que ce dernier a été retrouvé, ils ont été acheminés rapidement à l’entré du gouffre Berger. Une dotation médicale permettant de faire face à un sur-accident grave a été laissée au PC. 6 médecins et infirmiers de l’Isère étaient en préalerte pour faire face à une demande de renfort. Une équipe médicale du Vaucluse était aussi disponible.
Quand il est découvert, Félix se plaint d’une forte douleur à la cheville droite. Il ne peut pas poser le pied par terre. Il a dû passer 48h00 là à attendre après avoir chuté dans une vasque d’où selon la première version qu’il donne, il a eu du mal à s’extraire. Ses vêtements sont humides, il fait 8°. Il a froid mais ne se plaint pas. Le PC est immédiatement avisé de la découverte de Félix.
Sachant que l’équipe médicale n’était pas encore entrée sous terre et en l’absence de blessure grave, l’équipe de recherche choisit de commencer l’évacuation pour rapprocher Félix du médecin. Dans les verticales, Félix est alors tracté par une corde et il est porté dans les zones qui s’y prêtent. C’est au bivouac de -500 que l’équipe d’évacuation jonctionne avec l’équipe médicale, il est 22h11.
Quand il prend en charge la victime, le médecin sait qu’il existe un très fort risque de devoir brancarder Félix à partir de -240, il ménage donc les équipes sous terre. Cette phase de l’évacuation s’effectue en 2 temps :
Avant de descendre, le médecin a pris soin d’emporter un BPS fourni par le SDIS 38 afin d’alléger le portage de la victime. Il s’agit d’une toile renforcée munie de poignée. Ce dispositif dans sa longueur totale permet de porter une victime allongée. Plié en 2 , il rend possible le transport assis. Il pèse à peine 2 kg contre 20 kg pour la civière habituellement utilisée. Si le transport à l’aide du BPS s’effectue en position assise dans un premier temps à partir de -500, la victime finit en position allongée.
En arrivant à la côte -240, le médecin décide d’effectuer un bilan médical et de laisser les sauveteurs présents doubler la civière soit pour ressortir, soit pour se positionner dans les puits et méandre situés au dessus. La pause dure 2 heures et permet à des équipes nouvellement entrées dans la cavité afin de finir d’équiper les passages techniques jusqu’à la surface. Un brancard rigide a été positionné à -240 à la base des puits dès que la découverte de Félix a été annoncée.
Compte tenu de l’impossibilité pour Félix de prendre appui sur son pied et de son état de fatigue, il est décidé de le conditionner dans le brancard rigide.
La victime, harnachée dans le brancard quitte la profondeur de – 240 à 4h15. Elle remonte sans difficulté le puits Aldo (44 m) et les verticales qui lui font suite (ressauts et puits Gontard). Au sommet du dernier puits à -150 se trouve le premier méandre, court mais très technique. Il est franchit en 1h00. Le blessé se trouve alors au bas du puits Garby (-140)., il est 7h50. A ce moment, il est demandé à tous les sauveteurs encore à l’aval de la civière de la doubler. La civière remonte le puits Garby et entame le grand méandre long de plusieurs centaine de mètres. Il faut 3h00 à 30 personnes pour permettre la sortie du brancard. La cote -90 est atteinte à 11h45. Après une dernière pause permettant à tous les secouristes de doubler le brancard, ce dernier commence la remontée du dernier enchaînement de verticales pour sortir vers 13h00.
Un sapeur pompier du GRIMP 07 membre de l’équipe 10, se blesse consécutivement à une glissade alors qu’il descend participer à l’évacuation du blessé, il est 23h15. Atteint au poignet, il est évacué en autonomie, sans brancard, simplement assisté de spéléologues.
Les équipages de la base de la sécurité civile du Versoud ont été très sollicités lors de cette opérations sur les 2 jours. De nombreuses rotations ont été assurées entre le PC et l’entrée de la cavité pour transporter sauveteurs et matériel et entre le gouffre Berger et le parking de la Molière. La victime a aussi été évacuée vers le CHU de Grenoble par une rotation de Dragon 38.
Le SDIS 38 a mis à disposition de l’opération un camion de restauration et une grosse quantité de lits. Des repas chauds ont été distribués aux sauveteurs tout au long de l’opération. Un dortoir de plusieurs dizaine de lits a été aménagé dans le bâtiment mis à disposition par la mairie.
Un groupe de 4 personnes encadré par un guide professionnel part visiter la grotte de Gournier le 13 juillet vers 10 heures. En fin de matinée, après avoir parcouru une grande partie de la grande galerie, le groupe rejoint la rivière après que chacun ait revêtu une combinaison de plongée. Les vêtements ayant servi jusque là sont laissés au niveau de l’accès 1.
A 15h00, sur le chemin du retour, une jeune femme de 32 ans tente un saut de 4 m dans une vasque. Malheureusement, elle ne prend pas assez d’élan et chute dans une zone peu profonde. Elle ressent alors une douleur aiguë à la cheville. Le guide prend alors la décision d’atteindre le 1er accès avec le groupe à la rivière afin de récupérer les vêtements de rechange. Le trajet prend 2 heures. La victime avance avec difficulté à cause de la douleur. Dès les vêtements secs retrouvés, le guide laisse la victime et son ami sur site après les avoir conditionnés dans un point chaud et part avec les 2 autres pour donner l’alerte. Arrivé à l’extrémité amont du lac, il laisse le reste du groupe sortir et donne des consignes pour que l’alerte soit passée. Rapidement, il rejoint ceux restés au niveau du 1er accès.
Un membre du groupe sort et compose le 112, son appel est alors pris en charge par le CTA CODIS 38. Une conférence est rapidement organisée avec un conseiller technique contacté par SMS à 18h20. Le SAMU 38 et la cadre d’astreinte de la protection civile de la préfecture entrent dans la conversation par la suite. Il est décidé d’envoyer sur place un médecin et un infirmier, 25 sauveteurs spéléologues et les personnels disponibles au sein du GRIMP et des USEM. L’ADRASEC est mise en alerte immédiatement. Le plan de secours spécialisé en spéléologie est déclenché à 18h45.
Le poste de commandement est installé dans une salle mise à disposition par la société d’exploitation de la grotte de Choranche. Une salariée du site touristique reste disponible sur place pour toute la durée du sauvetage.
La cavité ne présentant aucune difficulté, la manœuvre est simple, d’autant plus que ce type d’intervention à Gournier est déjà arrivée par le passé. Les derniers secours sur ce site remontent à 2010, 2011 et 2015. Deux exercices ont eu lieu dans cette grotte en 2009 et 2016. Pour les sauveteurs, il s’agit de brancarder la victime dans une galerie au parcours chaotique puis de la descendre au niveau du lac d’entrée pour la poser dans une embarcation. Une trentaine de secouristes est trouvée parmi les membres du GRIMP 38, de la CRS Alpes de la gendarmerie et du Spéléo Secours Isère. Ce chiffre peut paraître conséquent pour porter une civière sur 800 m. Il convient donc de préciser que le brancardage sur un terrain chaotique requiert l’emploi de beaucoup de personnel. Ainsi, dans certains passages délicats les secouristes doivent se caler et faire circuler la civière de mains en mains. Le brancardage constitue le mode d’évacuation le plus pénible pour les secouristes. Deux rotations d’hélicoptère de la Sécurité civile (Dragon 38) permettent de déposer sur site 2 secouristes, le médecin et l’infirmier ainsi qu’une grosse quantité de matériel. Tous les autres sauveteurs montent par la route. Les premiers arrivent vers 19h30. 5 équipes sont composées au fur et à mesure de la disponibilité des personnels. A défaut de pouvoir établir des communications directement entre l’entrée de la grotte et l’accès 1, une navette part du lac pour aller chercher des informations. Le bilan médical arrive par ce biais à 23h50, heure à laquelle débute l’évacuation de la victime. Cette dernière est brancardée sur tout le parcours, elle ne peut marcher et l’équipe médicale a dû pratiquer une anesthésie loco-régionale. Quelques sauveteurs restés à l’amont du lac posent les équipements nécessaires à la descente du brancard au niveau de l’eau. Une tyrolienne est tendue sur la première partie du lac pour permettre la dépose dans l’embarcation. Cette dernière est en fait un PRV de la section aquatique du SDIS. Elle fait 8 m de long et permet de transporter 20 personnes. 2 plongeurs spéléologues ainsi que 2 nageurs du SDIS assurent la sécurité de la victime et des sauveteurs sur le lac. La civière se présente à l’extrémité du lac à 1h20. La tyrolienne et le lac sont franchis en 8 mn
La victime arrive au PC vers 1h45, elle est alors prise en charge par les sapeurs pompiers du centre de secours de Pont en Royans et évacuée vers le centre hospitalier de Romans sur Isère (Drôme).
Le vendredi 28/6 à 21h00, 3 spéléologues partis explorer le gouffre Berger ne sont pas ressortis à l’heure prévue mais le retard n’est pas suffisamment significatif pour le déclenchement d’une opération (ils sont partis à 6h pour aller faire le fond). Les équipes de sauvetage sont mises en préalerte.
Vers 4h00 le 29/6, un équipier de la victime sort et donne l’alerte, la victime a une blessure à l’épaule avec une déformation, elle est très fatiguée et attend à l’entrée des Couffinades en venant du fond vers -640. Il est précisé qu’elle ne peut marcher.
Les équipe de secours en préalerte depuis la veille se dirigent vers le PC.
La victime est tout d’abord brancardée puis retrouve une autonome relative et nécessite enfin une évacuation en civière à partir de la cascade du Petit Général.
Un sauveteur se blesse à -140 vers 15h, il est dans le coma (traumatisme crânien). Il est évacué lourdement médicalisé.
Le déroulement de l’exercice
Le 28 juin vers 21h00, le CODIS 38 reçoit un appel d’une personne signalant le retard de son père parti visiter le fond du gouffre Berger avec 2 amis. Le CODIS contacte immédiatement les conseillers techniques en spéléologie par SMS. En conférence, il est convenu qu’il n’y a pas de retard et que l’on réexaminera la situation vers 6h00 le lendemain matin.
Le 29 juin à 3h58, le CODIS 38 reçoit un appel d’un spéléologue signalant un accident survenu à -700 au gouffre Berger. Un de ses équipiers a glissé puis chuté, il a une grosse déformation à l’épaule, des nausées et est très fatigué. Ses 2 accompagnants ont réussi à l’extraire du bas de la cascade pour le déposer au sommet moins exposé à l’humidité. Une personne est restée avec lui.
Le CODIS 38 contacte immédiatement le CTDS par téléphone et une conférence est mise en place entre le CODIS, l’OSAD et le SAMU. Aucun SMS n’est envoyé au CT. Il est alors décidé :
1. Envoi urgent d’une équipe médicale assistée d’une forte équipe de sauveteurs ;
2. Mobilisation des sauveteurs du 38 (USEM, GRIMP, 3SI) et de l’ADRASEC ;
3. Mobilisation de spéléologues extérieurs au département compte-tenu de la profondeur à laquelle est survenue l’accident.
4. Le PCO est fixé à Autrans au centre nordique.
Habituellement, le PCO est installé au parking de la Molière. Ce site convient pour les interventions de courte durée mais comporte de nombreux inconvénients :
manque de confort (absence d’eau, d’électricité et de toilettes) ;
manque de réseau de communication (internet, téléphone mobile).
Compte tenu de la durée approximative de l’exercice, les CT ont souhaité testé un PC en dur dans un bâtiment mis à disposition par la collectivité locale.
4 conseillers techniques ont participé à l’exercice, 3 au PCO (Tristan GODET, Guillaume SECHAUD et Thierry LARRIBE) et 1 au PCA (Lionel REVIL). Un conseiller technique GRIMP a été présent sur les lieux en permanence.
99 sauveteurs ont participé à l’exercice. Le tableau suivant retrace la montée en puissance progressive du dispositif :
8h00
10h15
11h30
14h00
16h00
18h30
Actifs en surface
13
17
22
24
26
27
En approche ou de retour de la cavité
7
0
25
8
0
4
Engagés sous terre
14
39
38
64
71
71
En attente d’une mission
19
28
16
7
7
En repos
4
Total des présents
53
84
101
103
104
106
Les sauveteurs engagés tant sous terre qu’en surface, viennent de tous horizons :
Nombre d’inscrits
Nombre de présents
GRIMP
8
8
CRS ALPES
7
6
PGHM / GSGN
5
5
SAMU
6
5
3SI
49
44
SSF 01
1
1
SSF 07
1
1
SSF 26
6
5
SSF 69
20
16
SSF 73
7
5
SSF 74
4
2
Total
114
98
Les 5 rotations successives de l’hélicoptère de la sécurité civile ont rendu possible l’acheminement de 24 sauveteurs soit près du tiers de ceux engagés sous terre. Ces héliportages ont permis de gagner un temps précieux dans la première phase de l’exercice. L’objectif de faire rentrer la première équipe avant 8h00 a ainsi pu être atteint.
Les spéléologues sont venus avec leurs véhicules personnels jusqu’au PCO et des navettes opérées par le SDIS ont assuré leur transport du PCO au parking de la Molière. Un véhicule de la CRS a participé au retour des sauveteurs le dimanche matin.
La demande de secours a lieu à 4h du matin pour une victime à -700m, avec suspicion de luxation d’épaule et d’épuisement. Le SAMU confirme la médicalisation. L’équipe médicale en pré-alerte depuis la veille au soir se rend au SAMU pour préparer la dotation. L’équipe choisit d’emporter une dotation légère en première intention, et prévoit d’emblée un renfort par une seconde équipe à la mi-journée car la profondeur est importante et la zone aquatique.
Dragon-38 vient chercher l’équipe médicale sur la DZ du CHUGA accompagné d’un secouriste professionnel des USEM comme le prévoit le plan de secours. Une halte est effectuée à la CRS pour prendre du matériel et des sauveteurs du GRIMP. Là, il est demandé au gendarme du PGHM présent dans l’appareil de descendre. Delà, 2 déposes directes sont effectuée à l’entrée de la cavité. L’équipe médicale entre sous terre vers 7h30.
Le premier bilan médical remonté à 11h42 : luxation d’épaule, réduction après analgo-sédation. Nécessité de brancardage en civière. Les constantes sont stables.
L’évacuation de la victime 1
1er secteur : les Couffinades
Il s’agit d’une portion de rivière souterraine sans cascade longue de 300 m. La progression classique s’effectue au dessus de l’eau à l’aide de main courantes athlétiques En configuration classique, l’évacuation est effectuée par une grosse vingtaine de spéléologues qui se passent la civière de mains en mains en prenant soin qu’elle ne chute pas dans l’eau. Chaque sauveteur qui vient de faire passer la civière sur lui, double la colonne pour se positionner devant. En générale, pour se faire, il doit nager dans de l’eau à 8°. Ce type d’évacuation prend 2 à 3 heures.
Pour l’exercice, nous avons testé un dispositif léger qui permet à la civière de flotter. Il a été mis au point par la 3SI et a dèjà été testé à la grotte de Gournier en décembre 2016 et à la grotte du Frochet en 2017. Sa mise en œuvre est simple et permet d’éviter de porter le brancard. Il existe alors 2 contraintes liées au caractère aquatique du terrain : la sécurisation par des plongeurs et l’équipement de la victime d’une bouteille d’air comprimé et d’un détendeur.
L’évacuation débute à 15h10 et dure 10 minutes sur la portion aquatique. La progression est rapide, la côte -600 (Vestiaire) est atteinte à 16h15.
2ème secteur : du Vestiaire au Balcon
Il s’agit d’une galerie comportant des obstacles verticaux de moyenne ampleur (15 m au maximum) et des parties déclives. La progression de la civière peut être très physique pour les spéléologues engagés sur ce secteur. L’effectif normal est de 20 sauveteurs. Assez rapidement les équipes des secteurs 1 et 2 se rendent compte que chacune d’elles, n’a pas emporté de quoi équiper 2 obstacles (un puits et une vire) au niveau de leur jonction. En concertation, les 2 responsables de secteur ont réadapté leur dispositif pris chacun un équipement à leur charge. Cet oubli s’explique par le départ précipité en hélicoptère et l’absence de communication établie entre le PCO et les sauveteurs héliportées en attente au PCA. Cette situation n’a pas permis de fixer les limites de la mission des 2 premières équipes. Par ailleurs, le sous dimensionnement des équipes (24 personnes au lieu des 40 nécessaires) n’a pas permis d’emporter du matériel supplémentaire. Le réajustement du dispositif s’est donc opéré à matériel constant.
3ème secteur : du Balcon au sommet du puits Aldo (-200)
Il s’agit d’un parcours dans une vaste galerie entrecoupée de grands éboulis très pénibles pour ceux qui portent la civière, au point d’effectuer régulièrement du brancardage statique lors duquel les sauveteurs se calent sur des blocs et font passer le brancard de mains en mains. A partir de – 400, des cascades agrémentent le parcours. À -300, un lac temporaire peut barrer le passage et nécessite soit un parcours en vire très athlétique avec un brancard, soit l’utilisation de la Kiflott sécurisée par des plongeurs. En fin, à partir de -240, le parcours emprunte un puits de 44 m : le puits Aldo.
Une fois au sommet du Balcon, le médecin constate une amélioration de l’état clinique de la victime 1 permettant d’envisager une remontée assistée. Cela signifie la fin totale ou partielle du brancardage
Dans la zone des -400, la victime, fatiguée, se tord (fictivement) la cheville lors de la remontée dans les blocs. Cela nécessite une nouvelle intervention de l’équipe médicale pour un bilan et une analgésie. Il est alors convenu de terminer l’évacuation en civière. La victime et l’équipe qui l’accompagne arrive au pied de la zone des puits (-250) à 19h49. Après une pause de 2 heures, qui a permis aux sauveteurs de doubler en nombre la victime et de se positionner au dessus, la civière repart.
4ème secteur : du sommet du puits Aldo au bas du puits Garby
Ce secteur se caractérise par de nombreuses verticales entre lesquelles se trouvent 2 méandres dont un court très technique et un long sinueux et étroit.
À 22h57, la victime remonte le puits Gontard dans le brancard. À son sommet, elle enchaîne le méandre avec des passages étroits qu’elle franchît sur la tranche.
L’évacuation est stoppée à -140m, au pied du puits Garby, du fait d’un manque de sauveteurs (annulation de dernière minutes d’une vingtaine de personnes) et de l’état de fatigue de ceux présents sur site depuis la veille très tôt. Il a été choisi de ne pas prendre le risque de sur-accident.
Évacuation victime 2 -140
Seuls la future victime et son accompagnant étaient informés du sur-accident. Une seule bouteille d’O² avait été pré-positionnée au PCO. Le besoin en O² n’avait pas été mentionné dans le scénario.
aspects médicaux :
Il s’agit d’un sur-accident chez l’un des sauveteurs, au bas du puits de Garby (-140m), victime d’un traumatisme crânien par chute de sac dans le puits. Un infirmier faisant partie de l’équipe fait cesser les travaux en amont par un grand cri et des coups de sifflet. Un secouriste professionnel de l’équipe l’aide également à conditionner le blessé dans un point chaud puis remonte rapidement un premier bilan à la surface. Il s’agit d’un traumatisme crânien grave avec troubles de la conscience rapidement évolutif. La présence d’un infirmier dans l’équipe de sauveteur concernée a permis de suivre régulièrement l’état de la victime par des bilans clairs, précis et répétés jusqu’à l’arrivée de l’équipe médicale.
L’équipe médicale initialement prévue en renfort de la première équipe allait partir du PC, elle a donc été redirigée à -140, avec le matériel de la dotation lourde. Le PCO demande au COS une mise à disposition importante de bouteille d’oxygène (au moins 5). Le COS organise très rapidement la mise à disposition de 4 obus de 5l depuis les casernes voisine et fait monter 2 autres bouteilles depuis l’agglomération (opération stoppée pour l’exercice, il ne s’agissait pas de gaspiller les ressources). A la demande au SAMU, il y avait également 5 obus disponibles qui auraient pu nous être acheminé par hélicoptère dans le cadre d’un secours réel.
L’équipe médicale entre sous terre à 18h34 et fait remonter le premier bilan à 20h07.
Le matériel médical est déballé sur les couvertures de survie prévues à cet effet. L’état clinique de la victime (traumatisme crânien grave avec troubles de conscience et vomissements ; traumatisme abdomino-pelvien associé) peut être qualifié de grave.
Les besoins en oxygène sont évalués au PC d’une part et par l’équipe médicale. Pour anticiper les relais de bouteilles lors de l’évacuation, certaines ont été positionnés sur le trajet toutes les heures.
Le respirateur n’étant pas le plus petit modèle habituellement utilisé en montagne, il prend beaucoup de place dans le sac jaune placé sur l’abdomen de la victime, empêchant ainsi une surveillance aisée du scope. La surveillance durant l’évacuation est difficile mais des phases d’arrêt et d’évaluations avaient été prévues et effectuées régulièrement. Plusieurs déconnexions de tuyaux ont eu lieu durant l’évacuation, nous n’avons pas de retour sur la gestion de ces événements malheureusement.
Le scénario envisageait l’emploi d’explosif pour 2 passages étroits ponctuels du méandre. Il est maintenant démontré qu’en cas de victime lourdement médicalisée dans le gouffre Berger, ces étroitures devraient être élargies. Pour l’exercice, le sac contenant le respirateur et la bouteille d’oxygène ont étés retirés pour ces deux passages.
L’évacuation débute à 22h43 et se termine à 3h24 par la sortie du gouffre. L’exercice est alors arrêté, le brancardage extérieur n’est pas retenu (fatigue des sauveteurs, peu d’intérêt, et disposition de l’hélicoptère probable dans un réel). Le PCO était en contact avec le CODIS 38, le SAMU 38 et l’USEM de permanence pour calibrer l’évacuation adéquate, tout était organisé comme en réel.
Points positifs :
le travail en totale confiance entre le COS et les CT ;
le PC en dur installé sur Autrans a présenté de nombreux avantages ;
le transport en hélicoptère a permis de gagner un temps précieux ;
l’excellente collaboration entre les différents intervenants tant associatifs que professionnels du secours ;
la dynamique de renforts régionaux spéléo s’appuyant sur le Rhône et permettant de ne pas dégarnir les départements à risque ;
un très bon niveau technique des sauveteurs reconnu par tous les chefs d’équipe ou de secteur à mettre en lien avec l’effort de formation de la 3SI ;
très bon niveau des sauveteurs affectés à des travaux de gestion en surface ;
le délai d’acheminement des bouteilles d’O² par le SDIS 38 ;
le délai de mise à disposition des mêmes bouteilles par le SAMU 38 ;
le délai de livraison des explosifs, conforme aux engagement du dépositaire ;
excellente gestion de l’eau par le SDIS 38 pour la marche d’approche (1h00) en période de canicule ;
les tests de matériel ont été très concluant (poulie et kiflott) ;
le déploiement sans précédent d’appareil de transmission par le sol (5) en exercice ou en secours a permis une bonne information du PC ;
excellente qualité des transmissions établies par l’ADRASEC ;
les navettes mises en place par le SDIS ont permis d’assurer la sécurité et le confort des sauveteurs.
Hier, journée de formation à la Dent de Crolles.
Objectif : former du personnel médical (médecins, infirmiers) à la progression souterraine, afin de les rendre opérationnels en cas de secours.
Avec Olivier, Thierry, Aurélie, Guillaume, Sylvain, Ysabelle et Florent.
Bravo à tous !!
Quelques images ici =>> https://www.facebook.com/speleo.3si