Compte rendu de l’exercice secours au scialet du Blizzard du samedi 15 septembre 2012 (Photos Serge Caillault)

POURQUOI UN EXERCICE AU BLIZZARD ?
QUELS OBJECTIFS RECHERCHES ?

Le réseau du CLOT D’ASPRES dont fait partie le scialet du BLIZZARD, est l’un des plus grands réseaux du département : 40 km de développement et è 1000 m de profondeur (2ème réseau le plus profond du département).

Il se déploie sous un vallon éponyme de 3 km² qui s’étage entre 1600 m et 1900 m d’altitude, au sud-est de Villard de Lans. Le fond de cette gouttière synclinale et fermé par les sommets de la Grande Moucherolle et des Deux Soeurs. Les eaux collectées dans ce vallon ressortent à l’air libre par l’exurgence de Goule Blanche située dans les gorges de la Bourne.

Le réseau souterrain se compose d’une dizaine de cavités reliées entre elles. Ce réseau est très représentatif de la spéléologie sportive du département avec des grands puits entrecoupés de méandres.

L’accès au vallon se fait par Villard de Lans, en empruntant le chemin d’exploitation du domaine skiable. Le gouffre se situe à 20 minutes de la station supérieure de Villard de Lans.

Aucun exercice n’a eu lieu dans ces gouffres. Le SPELEO SECOURS ISERE est intervenu à 2 reprises dans ce réseau, pour des spéléologues bloqués par une crue et par des conditions hivernales extrêmes.

Le scialet du BLIZZARD n’est pas équipé secours.

  • Les équipes engagées devront donc mettre à profit les techniques acquises lors des formations dispensées par la 3SI pour positionner les points d’amarrages des équipements d’évacuation.
  • Cette cavité est située au centre du réseau et permet d’accéder à une grosse galerie qui parcourt le vallon à la profondeur de – 300 m, et au collecteur vers -500 m. Son parcours aisé permet d’arriver rapidement au fond du réseau.
  • La présence de grands puits (50, 78, 108 m) et d’une rivière en font un parcours très technique. La configuration des lieux permet de travailler différents types d’évacuations verticales peu mises en oeuvre ces dernières années.

Le dernier exercice à GOURNIER en 2009 était axé sur la médicalisation et a nécessité beaucoup de brancardage.

LE DÉROULEMENT DE L’EXERCICE

  • 05h20 Arrivée des premières équipes
  • 07h50 Engagement de la 1ère équipe sous terre
  • 09h00 Engagement de l’équipe médicale
  •  09h45 Contact entre la 1ère équipe et la victime
  • 12h13 1er bilan médical
  • 12h44 Départ remontée civière
  • 16h40 Relais des équipes médicales
  • 21h26 Sortie civière
  • 23h45 Sortie dernière équipe
  • 00h52 Tout le monde au PC – fin de l’exercice
  • 02h00 Matériel trié – départ des derniers bénévoles

LES ENSEIGNEMENTS A TIRER

La préfecture avait choisi un scénario et un déroulement les plus proches possible des dispositions du plan de secours.

L’organisation du commandement de l’opération :

Le directeur de cabinet du préfet, présent durant la totalité de l’exercice, occupait la fonction de directeur des opérations de secours. C’est une situation inédite dans notre département. Dès le début de l’opération, il a dirigé le dispositif.

Le commandant des opérations de secours (COS), officier sapeur pompier, et le conseiller technique départemental en spéléologie (CTDS) ont travaillé en totale confiance et transparence.

Des points d’étape réguliers (toutes les demi-heures puis toutes les heures) ont été réalisés entre DOS, COS et CTDS, permettant ainsi d’avoir une vision partagée du déroulement de l’exercice.

4 communiqués de presse ont été rédigés en commun.

Les moyens logistiques engagés :

Le SDIS 38 a mis à disposition la cellule anticipation, un véhicule de restauration et 6 VLTT. Ces moyens ont été un élément de confort très apprécié.

Les effectifs :

Le niveau de la participation :
119 personnes dont 79 sous terre, ont participé à l’exercice, sous la direction du directeur de cabinet du préfet de l’Isère :

  • des institutionnels : policiers de la CRS Alpes, sapeurs pompiers du SDIS 38, gendarmes du PGHM et du GSGN, personnels du SAMU 38 ;
  •  des associatifs : radio amateurs de l’ADRASEC 38 et spéléologues de la 3SI, le Spéléo secours français drômois (SSF 26) est venu renforcer le dispositif.

Le bon déroulement de l’exercice a tenu à la forte mobilisation des équipes.

La gestion :

La gestion des sauveteurs spéléologues a dans un premier temps, été assurée à la fois par le SDIS 38 et la 3SI, puis ensuite par cette dernière uniquement. Il est nécessaire d’avoir un seul point d’entrée-sortie pour les sauveteurs au PC.

L’équipe de gestion du Spéléo Secours Isère, a pris en compte la totalité des effectifs engagés sous terre et en surface (sauf SDIS 38 en surface). Elle a aussi géré le stock de matériel, deux à trois personnes de plus auraient été nécessaires.

Le planning (document où chaque sauveteur est enregistré avec un code couleur par type d’activité exercée) a permis d’avoir une vision globale de l’effectif engagé.

Les renforts extra-départementaux :

Les effectifs sont bien sûr toujours plus importants lors d’un exercice que lors d’un secours. Néanmoins, une opération de secours sur ce scénario impliquerait la réquisition d’un nombre conséquent de sauveteurs. Il est certain qu’il sera alors indispensable de faire appel aux départements voisins.

L’engagement de sauveteurs de la Drôme sur cet exercice a permis de valider la transmission de l’alerte par le COZ qui semble avoir parfaitement fonctionné.

L’aspect médical :

Cette partie de l’exercice a été jouée à minima, contrairement aux années précédentes.

La première équipe médicale (médecin + infirmier) est arrivée à 7h00 au PC, ce qui semble conforme à la situation en réel.

La victime était atteinte à la colonne vertébrale.

La première équipe a été relayée à è 250 m.

Les transmissions :

Ont été activés pour l’exercice :

  • le réseau ANTARES ;
  • le réseau de l’ADRASEC 38 ;
  • le système Nicola ;
  • des talkies pour les équipes dans les grands puits.

Ces 4 réseaux ont montré leur efficacité.

La cohabitation de 2 réseaux en parallèle a nécessité des réajustements en cours d’exercice avec séparation des messages
portant sur l’aspect médical (ANTARES) et ceux en lien avec la progression des équipes et de la civière (ADRASEC 38).

Il est important de mobiliser l’ADRASEC 38 dès le début de l’opération (dès la phase de traitement de l’alerte).

L’utilisation de moyens de communication « locaux », des talkies, dans les puits a été vivement saluée par les chefs d’équipe des secteurs concernés. Cela évite des allers-retours dans ces puits ou toute communication par la voix est impossible.

L’évacuation d’un blessé grave dans une cavité comportant un enchaînement de grandes verticales :

Le niveau technique du sauvetage était élevé, le dernier exercice d’une telle difficulté datait de 2001 (gouffre BERGER).

10 équipes ont participé aux ateliers sous terre, pour la partie technique de l’évacuation.

Le scialet du BLIZZARD avait été divisé en 7 secteurs distincts.

Chaque unité professionnelle s’est vue confier la responsabilité d’un secteur. Les secteurs restants ont été confiés à des chefs d’équipe 3SI. Chaque équipe était mixte (spéléologues civils è sauveteurs professionnels).

La progression des équipes de sauveteurs sous terre a été rapide et fluide à la descente.

L’équipement secours de la cavité a été réalisé dans des délais relativement rapides (2 à 4 heures par secteur).

Il a fallu mettre en oeuvre 2500 mètres de corde, planter 200 chevilles Spit et utiliser 500 mousquetons. Tout a été fourni par la 3SI.

L’évacuation a été réalisée dans les délais prévus initialement.

CONCLUSION

L’objectif de la journée était ambitieux : sortir une civière de la cote -500, en 9 heures. Une bonne préparation, une excellente collaboration inter-service, la mobilisation d’un grand nombre de sauveteurs provenant de tous horizons (une centaine de participants pour la partie spéléologique) ont permis le bon déroulement de l’exercice.