Cuves de Sassenage – 23 mai 2002

Alain MAURICE, Conseiller technique
France ROCOURT, conseiller technique adjoint
Christine LEROCH, conseiller technique adjoint
Eric SANSON, conseiller technique adjoint
Laurent MINELLI, conseiller technique adjoint
Thierry LARRIBE, conseiller technique adjoint

Remarque préliminaire
C’est la première fois qu’une opération de secours spéléologique concerne autant de victimes (25) et de surcroît, un groupe d’enfants.

Sur la cavité
Les Cuves de Sassenage ont été explorées dès la fin du 19ème siècle. Depuis, 10 km ont été découverts et 300m ont été aménagés pour la visite touristique. Le réseau remonte de 400m sous le massif du Vercors dans deux directions : Le Sornin et St Nizier du Moucherotte.
Les installations ont été en grande partie détruites lors de la crue de juillet 1996 et reconstruites depuis.
En novembre 1965, un groupe d’adolescents accompagné de 4 adultes s’était fait surprendre par une crue qui les avait bloqués 17 heures.

Sur les circonstances
Le mercredi 23 mai entre 1H du matin et midi, 45mm d’eau tombent sur le Vercors, ces précipitations sont précédées par un vent du sud qui amène une hausse sensible des températures. Ceci entraîne de gros volumes d’eau sous terre qui arrivent dans un réseau déjà saturé, ce qui a pour conséquence d’accélérer le temps de transit entre la surface et lexutoire des Cuves.
Le groupe entre dans la cavité vers 14h, les enfants doivent marcher sur les cotés pour ne pas mouiller leurs chaussures. A 14h50, sur le chemin du retour le groupe, est surpris par la montée brutale des eaux, le guide décide de les mettre à l’abris hors du courrant, en hauteur. Il sort donner l’alerte et envoie un autre guide rejoindre le groupe. Il reste à disposition du conseiller technique tout au long de l’opération. Il a apporté des informations essentielles au bon déroulement du sauvetage.

Ambiance de travail
Bonne coordination des équipes venues de différentes origines qu’elles soient professionnelles ou bénévoles, sapeurs pompiers, gendarmes, CRS, ADRASEC et spéléologues. Tous ces sauveteurs malgré leurs différences ont travaillé en bonne intelligence.

Logistique
La logistique efficace mise en place par le SDIS et la Mairie de Sassenage a permis d’avoir de la lumière, des couvertures et de la nourriture dans des délais très courts. Les besoins exprimés par le conseiller technique ont toujours été satisfaits.
Tous les chefs d’unité présents sur les lieux ont su apporter un concours efficace au bon déroulement de l’opération. Le transport des explosifs sous escorte de la Gendarmerie nationale a permis aux artificiers et au conseiller technique de gagner du temps et de se concentrer sur le reste de l’opération.

Commandement
C’est la première fois qu’un officier de sapeur pompier est placé en situation de commandant des opérations de secours pour une opération spéléologique. Il est dommage que nous n’ayons pas pu nous rencontrer avant afin de définir le rôle de chacun dans la perspective de la modification du plan de secours, cela aurait permis de définir chaque périmètre de compétence pendant la période transitoire.
Le milieu souterrain doit rester de la compétence des conseillers techniques.

Les transmissions
Au début de l’alerte, le second conseiller technique a demandé une communication directe avec l’un des premiers pompiers présents sur le site, il a adressé pour cela une demande au CODIS et au VPC qui n’étaient pas en mesure de passer l’interlocuteur désiré, aucune communication n’était possible vers l’entrée. Il a alors demandé au VPC de transmettre un message pour être rappelé par ces personnes. Cette demande n’a pas eu de suite ; Ce problème de communication a considérablement gêné la gestion du secours par le second conseiller technique en attendant que le premier arrive sur les lieux.
L’ADRASEC a assuré l’écoute du système Nicola (transmissions souterraines) l’aide de ces radio amateurs a été précieuse ;
L’isolement d’un conseiller technique ou de son représentant dans la tente PCM sans moyens de transmission à sa disposition, n’est pas satisfaisant.

La stratégie
Dans un premier temps, l’eau continuait de monter, il était impossible d’intaller une corde au plafond de la galerie. La crue a alors entraîné la formation d’une zone entièrement noyée de 30 m.
Il a d’abord été envisagé de faciliter l’écoulement de l’eau en élargissant une exutoire inférieure et en détruisant un barrage situé près de l’entrée.
Une fois que le guide eut fourni la topographie précise des lieux, le premier chantier était abandonné car il y avait en amont des passages étroits qui auraient compromis le succès de la solution choisie. Deux spéléologues maîtrisant bien les problèmes hydrologiques ont été alors chargés de vérifier l’efficacité de la destruction du barrage, leur conclusion a été que cela n’aurait rien apporté.
Dans le même temps, le guide indiquait qu’une galerie supérieure pourrait permettre de rejoindre le groupe, il a donc été décidé d’engager une équipe sur cet itinéraire. Malheureusement, le conduit était complètement obstrué.
Vers 19h, la décrue s’amorçait, l’installation d’une main courante au plafond de la galerie a été reprise. En effet, la baisse du niveau de l’eau a formé une petite revanche permettant avec de grandes difficultés l’installation de la corde. En parallèle, la découverte d’une autre galerie supérieure parcourue par un courant d’air laissait entrevoir un autre chantier d’élargissement qui prenait la bonne direction.
Vers 21h, la main courante permettait d’établir le contact avec le groupe.

L’évacuation
Afin d’accélérer et de sécuriser la sortie, ila été décidé que les enfants utiliseraient la main courante, il fallait donc trouver du matériel de spéléologie adapté aux enfants (casques, baudriers, longes). C’est Laurent MINELLI, conseiller technique et prfessionnel de l’encadrement de groupe qui a fourni le nombre suffisant de matériels individuels par le biais de la société NSA que nous remercions.
Dès que le niveau de l’eau l’a permis, le docteur France ROCOURT, conseiller technoique s’est engagée dans la cavité, elle a pu examiner les enfants et conforter les impressions des sauveteurs. Malgré l’attente prolongée, elle les a trouvés en bonne santé morale et physique, tous souffraient beaucoup du froid sans qu’il ne soit constaté d’hypothermie. Les conditiond étant remplies, France ROCOURT a donc décidé de débuter l’évacuation ; chaque enfant a été accompagné par un sauveteur et des plongeurs étaient présent pour compléter le dispositif.
A leur sortie, les enfants ont été pris en charge par le SAMU pour un examen rapide et par les pompiers pour la descente du sentier qui mène au village.

L’issue a été rapidement favorable grâce aux conditions météorologiques clémentes. L’endroit oû se trouvaient les enfants pouvait s’inonder.

Média et autorités
Le fait que le groupe soit composé d’enfants, la présence de nombreux média et d’autorités sur les lieux ont engendré une forte pression sur les sauveteurs. Tout le monde étant très tendu compte tenu de l’enjeu et du précédent douloureux du Drac.
Le filtrage de la Gendarmerie à l’entrée du parking a été efficace en écartant les curieux et les média, cela a permis de travailler plus sereinement sur le site.
Chaque formation engagée a eu accès au média.

Les conseillers techniques remercient l’ensemble des sauveteurs pour leur excellente collaboration.