Grotte de Goule Noire – 11 janvier 2002

par T. LARRIBE, Conseiller Technique Adjoint

La grotte de Goule Noire est composée essentiellement de siphons (passages noyés), la rivière souterraine qui la parcourt prend sa source dans les gouffres du synclinal de Méaudre-Autrans. Si depuis de nombreuses années cette partie du Vercors a livré des cavités majeures, aucune n’a permis d’atteindre ce que les spéléologues appellent le collecteur, c’est à dire cette grosse galerie dans laquelle circule cette rivière. Le seul accès direct connu à ce jour reste la grotte de Goule Noire.

Les siphons de cette cavité ont été explorés dans les années 1980-1989, 4 passages noyés sont passés, les plongeurs ne peuvent achever l’exploration du cinquième. L’objectif de l’équipe qui s’est engagée vendredi était donc de franchir ce cinquième passage et d’aller plus loin. A l’aller, les trois plongeurs se sont trompés d’itinéraire entre le troisième et le quatrième siphon, ils ont perdu deux heures. Ils ont réussit à passer le cinquième et même un sixième siphon parcourant ainsi 400 m de nouvelles galeries. Au retour, ils ont pris leur temps, accumulant ainsi du retard, ils ne pensaient pas que leur camarade allait donner l’alerte.

A 21h30, le témoin est très inquiet quand il joint un des conseillers techniques. Compte-tenu du type d’alerte, du nombre restreint de plongeurs dont dispose le département et des moyens que nécessite un secours en plongée, le conseiller technique a préféré déclencher immédiatement le plan de secours spéléologique, il a pu ainsi dépécher sur place une première équipe de plongeurs, pendant qu’un autre conseiller technique devait prévenir les spécialistes d’autres départements dans l’éventualité d’un secours long. En effet nous étions à la veille d’un week end, les sauveteurs plongeurs sont rares et il fallait les mettre en préalerte avant qu’ils ne partent en exploration le lendemain.

Vers 22h45, l’officier supérieur d’astreinte du S.D.I.S. proposait la mise en place du poste de commandement mobile. Le conseiller echnique n’a pas souhaiter engager le P.C.M. pour deux raisons :
– l’étroitesse de la route des gorges de la Bourne, l’absence d’emplacement de parking suffisament grand pour accueillir ce véhicule à proximité du site obligeaient à fermer la route à la circulation.
– il était préférable d’attendre le résultat de la première reconnaissance avant d’engager des moyens lourds en surface.

Cette alerte a confirmé l’intérêt d’avoir dans l’Isère, une équipe de plongeurs spéléologues très pointue et rapidement disponible pour effectuer une première reconnaissance, pendant que les conseillers techniques mobilisent les spécialistes d’autres départements, par le biais du Spéléo Secours Français.

Si ce genre d’alerte est très rare dans notre département (2 en trente ans), il ne faut pas négliger le risque. Les plongeurs sont de plus en plus nombreux et ils vont de plus en plus loin. Cependant, les siphons isérois sont rarement très profonds et le niveau technique des plongeurs qui s’y engagent est relativement élevé.

L’équipe de plongeurs nouvellement constituée dans l’Isère sera associée à notre prochain exercice départemental afin de mieux intégrer les contraintes (portages de matériel lourd, gestion du gonflage des bouteilles etc… ) de cette activité très spécifique.