Scialet du Silence – 8 et 9 avril 2001

Christine LE ROCH, Conseiller Technique Adjoint
France ROCOURT, Conseiller Technique Adjoint
Thierry LARRIBE, Conseiller Technique Adjoint

Sur les causes de l’alerte :
Une équipe de 6 spéléologues expérimentés effectue une longue exploration hivernale au scialet du Silence à 1850 m d’altitude, dans le vallon du Clot d’Aspres (Villard de Lans). Après une quinzaine d’heures passées à 400 mètres de profondeur, les spéléologues entament la remontée, les plus fatigués passent en tête. Les trois premiers sortis décident de redescendre à la station de Villards de Lans vers 14h30, ils y arrivent vers 16h30. A 18h30, ils commencent à s’inquiéter de ne pas voir arriver les 3 derniers ; ils préviennent la gendarmerie de Villard de Lans vers 19h15.

Sur l’alerte :
Le P.G.H.M, unité de permanence pour le secours en montagne, est avisé vers 19h30, le témoin contacte aussi une personne de son club qui appelle un conseiller technique vers 19h30. Les propos de cet interlocuteur ne sont pas alarmistes : les 3 personnes n’ont que 2 heures de retard et sont des pratiquants confirmés. Après l’information et la mise en préalerte des différents acteurs du secours, le conseiller technique contacte directement le témoin vers 20h30, dans la cabine téléphonique du parking de la station, il apprend alors :
– que les 3 spéléologues ne connaissent pas bien l’itinéraire de retour en conditions hivernales,
– qu’une corde gelée a géné fortement les 3 premiers sortis et pourrait éventuellement empêcher les 3 derniers de remonter,
– que 2 des 3 retardataires n’auraient pas de vêtements de rechange ni de couvertures de survie,
– que leurs raquettes sont restées dans les véhicules,
– que s’ils sont sortis, ils l’ont fait vers 15h00 soit 5h30 auparavant.
Le conseiller technique ne pouvait alors que déclencher les opérations de secours et en particulier le plan de secours spéléologique car il y avait le risque que plusieurs personnes soient bloquées sous terre par une corde gelée.
L’A.D.R.A.S.E.C.38 n’a pas été mise en préalerte car les informations qu’avait en sa possession le conseiller technique faisaient état de spéléologues dans la zone d’entrée, soit à une distance de 20 ou 30 mètres, ce qui permettait la jonction à la voix entre les sauveteurs et les spéléologues.

Sur le déroulement du secours :
3 équipes ont été constituées :
– 1ère : 2 gendarmes du P.G.H.M.
– 2ème : 4 pompiers de l’équipe spéléologique départementale du S.D.I.S.
– 3ème : 3 sauveteurs spéléologues du Spéléo Secours Isère dont un guide de haute montagne et une personne connaissant parfaitement l’accès au gouffre en hiver.
Pour tenir compte des 2 hypothèses (corde gelée ou erreur d’itinéraire lors du retour à la station), Christine LE ROCH, conseiller technique dépêché sur place, engage en collaboration étroite avec le P.G.H.M., les équipes munies de leur équipement spéléologique et de radios 150 sur 3 axes :
– le vallon de la Fauge,
– la route d’exploitation de la société des pistes de Villard de Lans
– le tracé du télésiège.
Ces trois itinéraires convergent à l’entrée du vallon où se trouve la cavité.
Pour la coordination des sauveteurs, l’utilisation de la fréquence 150 « Sécurité Dauphiné » a été primordiale, elle a permis aux trois équipes et au conseiller technique qui avait un appareil à sa disposition, de rester en contact permanent, cela a grandement facilité les recherches. Une formation des spéléologues sur ces appareils « 150 » est prévue avec Joel VEYRET (P.G.H.M.).
En parallèle, France ROCOURT, conseiller technique, formait une équipe de médecins susceptible d’intervenir en cas d’hypothermie ou de blessures constatées chez les 3 spéléologues.
Les équipes de recherche ont dû progresser lentement à cause de la neige fraîche et surtout du brouillard.

Sur le comportement des 3 retardataires :
Ils ont été surpris par le brouillard et la neige, ne maîtrisant pas parfaitement l’itinéraire de retour, ils ont préféré s’abriter dans un igloo et attendre. C’est une décision de bon sens et de sécurité qui a permis aux sauveteurs de les retrouver non loin de la cavité.

Sur la presse :
Les informations communiquées par le Dauphiné Libéré étaient entachées d’erreurs. Les coordonnées des différents conseillers techniques ont été communiquées depuis à ce journal pour éviter des errements ultérieurs.