Granier – Cuvée des ours – 8 mai 2007

Alain MAURICE, Conseiller Technique départemental
Thierry LARRIBE, conseiller technique adjoint

DEROULEMENT DE L’OPERATION compte rendu succinct

Le mardi 8 mai à 3h, l’alerte pour le retard d’une personne partie seule dans une grotte du massif du Granier est transmise au conseiller technique départemental par le PGHM Isère.
Nous connaissons le point de départ (cabane forestière sous le col du Granier) mais pas la destination de la personne ni son niveau technique. Sa femme (qui a donné l’alerte) est déjà allé à l’entrée de la grotte et saurait nous y conduire. La personne recherchée connaît quand même le réseau, elle y va souvent, pour faire une traversée.
Décision de reporter le déclenchement au lever du jour pour plus d’efficacité, et de se renseigner entre temps sur les possibilités dans ce secteur que nous connaissons mal.

6 h 30 Rappel au PGHM : la grotte est vraisemblablement la Cuvée des Ours, mais plusieurs itinéraires sont possibles à l’intérieur. La femme du disparu sera au PGHM à 8 h et une reconnaissance hélicoptère est prévue. La pré-alerte sera confirmée pour les spéléologues, dès le retour de cette reconnaissance.

6 h 45 à 7 h 30 : Mise en alerte des autres conseillers techniques (CT) en spéléologie, et recherche d’une première équipe de 5 spéléologues, alerte transmise au CODIS, contact du C T de la Savoie pour avoir des renseignements sur la cavité.

7 h 45 La météo ne permet pas de reconnaissance héliportée pour l’instant. La femme du disparu est au PGHM. A la lecture du descriptif de la grotte de la Cuvée des Ours, elle confirme que c’est bien cette cavité. Il devient nécessaire de déclencher immédiatement le départ des spéléologues.

7 h 55 Appel au Codis pour :
– 2 à 4 Pompiers è spéléologues avec radios pour transmission depuis l’entrée.
– Installation d’un véhicule PC à la cabane forestière.
– 2 véhicules 4×4 pour navettes sur la piste forestière.
– Demande de déclenchement du plan de secours.
– Information au SAMU

8 h 30 Le CT (Alain MAURICE) se rends sur place, Thierry LARRIBE (CT adjoint) assure le suivi au téléphone.

9 h 30 à 10 h Arrivée sur place des spéléologues, des pompiers et du PGHM, Dragon 38 est sur place. Le temps est incertain pour une dépose hélicoptère. Le PGHM transmet une information obtenue d’un ami de la personne recherché : il serait peut être parti en exploration à la recherche d’une traversée qu’il ne connaît pas…
Jacques Nant, explorateur savoyard, donne quelques explications sur le réseau. Cette entrée donne accès à plus de 50 km de galeries, dont au moins trois traversées et des réseaux complexes…
La décision est prise d’engager quelques spéléologues savoyards connaissant bien le réseau, la recherche pouvant devenir complexe.
A priori la dépose à l’entrée n’est pas possible, il faut treuiller. L’accès à l’entrée pourrait être dangereux par mauvaises conditions. Il y a un problème pour l’hélitreuillage des sauveteurs de la 3SI (Spéléo SecourS Isère ) qui ne sont pas habilités.

9 h 50 Thierry LARRIBE demande au CODIS 38 d’activer la procédure de renfort interdépartemental : Mise en alerte de renforts de la Savoie : 3 spéléologues connaissant très bien le réseau du Granier dont cette grotte.

10 h 30 Départ de l’ hélicoptère avec Jacques Nant pour indiquer l’entrée, monte aussi 1 PGHM qui se fera treuiller et récupèrera les sacs des spéléologues. Seuls les pompiers pourront être treuillés. A noter tout de même qu’à la 3ème rotation il n’y aura pas de dépose à cause du brouillard.

11 h 45 Les sacs ont bien été déposés, départ des 5 spéléologues à pied.

11 h Appel en direct de l’ami du spéléo recherché : ce dernier a un éclairage acétylène et un électrique. Il a pris une corde. Un passage sur corde ne devrait pas l’arrêter, mais il ne connaît pas bien l’utilisation de cette corde. Il n’a pas de combinaison spéléo et peut être pas de baudrier ni de matériel pour remonter sur corde. L’interlocuteur ne donne pas d’indication compréhensible sur la direction que le disparu aurait pu prendre. Il faut donc dans un premier temps fouiller toutes les galeries facilement accessibles, puis pousser plus loin à l’intérieur du réseau.

11 h 30 Une première équipe part faire un aller-retour vers la fenêtre nord, traversé la plus facile.

12 h 25 l’équipe sort elle n’a rien trouvé.

13 h Les 3 spéléologues savoyards connaissant parfaitement le secteur et 2 pompiers (dont un infirmier) se font déposer en hélicoptère à proximité de l’entrée (accès via un petit sentier méconnu). Ils seront utiles si les recherches se compliquent.

13 h 05 Deux équipes de spéléologues entrent sous terre, pour fouiller 2 galeries distinctes (traversée vers la face ouest, grotte Arva et vers la voie des Dryades).

13 h 50 La personne a été retrouvée en bonne santé en direction de la voie des Dryades, avant la traversée du P60. L’information est transmise par deux secouristes qui sont ressortis, car c’est très près de l’entrée. Ils retournent auprès de la personne recherchée avec l’infirmier qui est sur place. Les autres sauveteurs partent rejoindre l’équipe engagée vers la traversée Arva pour leur dire de faire demi-tour.

14 h 30 La victime est dehors, elle peu descendre par ses propres moyens (la météo ne permet de toute façon pas à cet instant d’évacuation par hélicoptère), tous les secouristes sont entrain de sortir.

14 h 45 Tout le monde descend.

15 h 40 Tout le monde est au PC.

16 h 30 Départ des derniers spéléologues et fin des opérations.

 NOTE TECHNIQUE

Circonstances de l’accident :

La personne est partie de chez elle à 9 h, le 7 mai et devait être de retour à 17h00. Elle s’est engagé dans une grosse galerie qu’elle ne connaissait pas. Elle a descendu un ressaut de 4m et a fait demi tour un peu plus loin. Ne reconnaissant pas le ressaut, la personne n’a pas osé faire l’escalade et a donc passé une nuit à avoir froid, à un quart d’heure de la sortie. A part l’éclairage, cette personne était équipée d’une tenue de montagne, d’une petite corde de montagne, et d’un harnais d’escalade sans matériel de progression sur corde, ce matériel n’étant pas forcément adapté au milieu souterrain.

Remarques :

Nous tenons à souligner la parfaite collaboration avec la gendarmerie (PGHM, réception de l’alerte, transmission, recherches extérieures, hélicoptère…) et avec les pompiers. Ces derniers avaient mis à disposition : un petit VPC, le rôle du COS étant assuré par le CT spéléo des pompiers, un véhicule 4×4 pour les navettes sur la piste, et un camion logistique venu nous amener une collation pour le midi (le but étant aussi de tester si ce dispositif est bien opérationnel).

Le système Nicola (transmissions) engagé sous terre n’a pas été déployé par les spéléologues compte tenu de la proximité de l’entrée.

Point négatif : Avec les nouveaux hélicoptères, le pilote n’a le droit de treuiller en dépose que des personnels qualifiés, ayant suivi une formation spécifique.